Le musée travaille au réaménagement de son parcours permanent. Après l’ouverture de la salle d’archéologie égyptienne, grecque et romaine, de l’espace consacré aux arts décoratifs moulinois du 18e siècle et du Salon de peinture, c’est au tour des retables de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance de revenir sur le devant de la scène.
Cette magnifique collection de peintures sur bois des 15e et 16e siècles, accompagnée par des sculptures et des objets d’art, sera de nouveau visible au sein d’une muséographie didactique et attrayante pour les Journées européennes du patrimoine 2017.
Le musée Anne-de-Beaujeu est largement connu pour sa collection de peintures sur bois principalement allemandes et autrichiennes des 15e et 16e siècles. Certains journalistes évoquent même un « petit Louvre » pour définir cet ensemble exceptionnel. Ce fonds s’est formé autour de huit panneaux du retable de saint Étienne (Maître d’Uttenheim, Tyrol du sud, vers 1475) donnés par Louis Rambourg, un riche industriel montluçonnais quelques années après la création du musée, au milieu du 19e siècle, et complété par des dépôts de l’État et des acquisitions au cours du 20e siècle.
Certains de ces dépôts sont des MNR (Musées Nationaux Récupération). Ce sigle renvoie au catalogue général des oeuvres d’arts retrouvées en Allemagne par les Alliés après la Seconde Guerre mondiale.
La salle du musée dans laquelle étaient exposées ces oeuvres a souffert de problèmes climatiques pendant plusieurs années, ce qui a entraîné des dégradations (soulèvements de la couche picturale du support en bois) sur la presque totalité des panneaux.
Dans un premier temps, des facings (papiers de protection) ont été posés sur les zones de fragilité. L’état des oeuvres s’aggravant, la salle a été fermée en 2011 et les retables ont été transférés en réserve où ils pouvaient être maintenus à plat.
Il a été décidé de procéder à la restauration de cet ensemble en deux phases. La première phase a concerné cinq oeuvres déposées par l’État. Leur restauration a été effectuée au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) à Versailles. Parallèlement, en vue de leur exposition dans de bonnes conditions, une salle du musée a été équipée d’une climatisation qui assure un environnement stable.
La deuxième phase s’est attachée à douze oeuvres, propriétés du musée, ainsi qu’à une oeuvre déposée depuis 1995 par la commune du Theil. Certaines oeuvres ont été restaurées sur place, dans les réserves du musée, les autres ont été transportées au C2RMF.
Selon les cas, des « bichonnages » (une intervention légère dans le jargon des restaurateurs) ou des restaurations fondamentales ont été réalisées. Une commission mise en place par le ministère de la Culture a validé le choix des restaurateurs et les grands principes de restauration. Par la suite, chaque décision a fait l’objet de discussion entre le conservateur du musée, le conservateur en charge de la supervision des restaurations au C2RMF et l’équipe des restaurateurs : le degré des repeints sur une zone lacunaire, la suppression de baguettes d’encadrement contraignantes, etc.
Le Prix Emile-Mâle encourage et récompense les initiatives bourbonnaises de sauvetage des oeuvres du patrimoine régional antérieur au 20e siècle conservées dans le département de l’Allier.
Le prix, décerné en 2016 à cette opération exemplaire de restauration, est une reconnaissance institutionnelle, scientifique et culturelle.
Cette « renaissance » s’accompagne également d’un important travail scientifique puisque le musée, en collaboration avec un enseignant de l’université de Clermont-Ferrand, a entrepris l’édition d’un catalogue des oeuvres européennes du Moyen Âge et de la Renaissance conservées dans ses collections (hors collections bourbonnaises qui feront l’objet d’une publication ultérieure). Ce travail a rassemblé dix-neuf contributeurs – historiens de l’art, universitaires et conservateurs – travaillant en France mais aussi aux États-Unis, en Allemagne, en Angleterre, en Italie ou en Suisse. Une publication réunit ainsi pour la première fois soixante-dix pièces de cette collection remarquable : peintures des écoles italienne, germanique, flamande et française, sculptures, objets d’art, armes et armures, provenant de toute l’Europe et créés entre le 12e et le début du 17e siècle. Cette collection hétérogène est le reflet du goût des érudits qui fondèrent le musée au 19e siècle mais aussi de la politique d’acquisition des conservateurs du 20e siècle. Elle rassemble des pièces d’un très grand intérêt artistique et historique, qui n’avaient pas fait l’objet de recherches récentes et demeuraient méconnues. Le catalogue des oeuvres est complété par deux articles portant sur l’histoire de la collection et sur les MNR (Musées Nationaux Récupération), dont le musée Anne-de-Beaujeu conserve cinq peintures. La riche collection de sculptures bourbonnaises n’est pas ici concernée. Elle fera partie du prochain programme de recherche qui aboutira également à une publication particulièrement attendue.
Cette publication, qui sera largement diffusée, est également un support de communication qui fera rayonner notre patrimoine.
Cette collection ne sera pas réinstallée dans la salle dans laquelle elle était exposée précédemment puisque celle-ci est devenue un auditorium. Une autre salle présentant des conditions climatiques plus stables et désormais équipée d’une climatisation a été retenue.
Dans cet espace plus étroit, les oeuvres seront exposées, dans des vitrines hermétiques, sur le pourtour de la salle et dans un espace central. Cette nouvelle disposition permettra notamment à des oeuvres présentant des panneaux peints sur les deux faces d’être parfaitement appréciées.
Les vitrines ont été conçues tout spécialement. Dans le cadre du réaménagement du musée, une couleur dominante a été choisie pour chaque salle. Il s’agit ici d’un rose framboise qui s’harmonise parfaitement avec les roses utilisés par les artistes de la Renaissance et qui permet de relever les teintes froides et plus sombres des peintures. Un éclairage adapté met en valeur cette collection.
Cet espace permettra en outre de présenter de nouvelles oeuvres qui n’avaient pas été retenues lors de la précédente rénovation et comprenant des peintures, des sculptures et des objets d’arts décoratifs (émaux, coffrets, etc.)
Profondément convaincus qu’un musée est un lieu de transmission du savoir, nous proposons des textes accessibles sous diverses formes : cartels explicatifs, fiches de salle, cartes, oeuvres commentées… et un parcours conçu tout spécialement pour le jeune public avec des textes adaptés et des « manip’ » (puzzles, jeux aimantés, jeux sur écran tactile).